Adieu viel anar (Rosa Malfray - 15/04/2005)

 En hommage à Paul, mon 2ème beau-père, décédé le 20/04/2004 à l'âge de 83 ans, qui a eu le mérite d'être resté marié à ma mère 34 ans malgré son instabilité (10 départs dont 5 demandes de divorce, 20 déménagements) et sa paranoïa ...

                                                                                                                                 




Lorsque les séphiratopes exégètes en eurent fini avec la douleur
Les cloportes alambiqués de mes pensées firent une pause :
Quoi, foin des particules et des moulins à paroles moroses,
Point de famille pour le dernier adieu à l’anar au grand cœur ?

Les vieillards affaiblis n’ont droit à aucune commisération,
Livrés entre les mains de plus jeunes mués en bourreaux,
Quand sonne l’heure des tardives de retour des émotions,
Jadis refoulées, qui remontent et reprennent le flambeau
.

On a souvent chanté l’injustice de la perte d’un enfant
Soit parti soit enlevé prématurément à ses parents.
Qui dira l’infamie faite à nos ascendants et la maltraitance
Qui guette au bout du chemin qui finit en souffrances ?



Plus que pour un enfant, n’y a t-il pas grande lâcheté
A s’acharner sur un vieillard, victime désignée de regrets,
En toute impunité, sachant qu’il n’a plus de répondant,
A part un regard lucide accusateur et tellement perçant !

Toi qui n’aimais ni les médecins, ni dieu, ni les curés,
J’espère que tes dernières années se sont bien passées,
Même si ce n’est pas tout à fait cela que tu voulais,
Mais tu sais, j’ai fait comme du mieux que je pouvais
...


Ni fleurs ni couronnes, pas de chichis ni cérémonie
Comment t’honorer et tout à la fois te respecter ?
J’ai fini par trouver, et j’ai su quand on t’a eu enterré
Que tu aurais aimé, car c’est ce que m’ont dit tes amis.
 



Il leur a bien fallu accepter tes dernières volontés :
Dans ta tombe un bon vin et dans ton cercueil ton fusil.
Ensemble on a bien souvent ri de leur pingrerie,
Tu aurais apprécié de voir bousculés leurs préjugés.



Adieu viel anar, éternel pêcheur et chasseur.
Ancien déporté, tu connaissais le prix de la liberté !
Tu m’as laissé le souvenir d’un homme de cœur,
Souvenir qui restera pour l’ « éternité ».